Les takimono, sorte de nerikō, étaient fabriqués à partir d’encens en poudre à usage médicinal, associés à des substances collantes comme du nectar ou de la mélasse. Il n’existait pas d’encens parfumé au Japon avant l’introduction des nerikō. On brûlait des encens médicinaux pour créer des senteurs. Les nerikō étant élaborés à partir d’un mélange d’ingrédients, différents mélanges créaient des odeurs légèrement différentes. On fabriquait donc ses parfums préférés à partir de concoctions originales. L’encens n’était donc plus utilisé comme une offrande religieuse, mais comme un divertissement recherché, appelé soradakimono, conçu afin d’apprécier des senteurs exquises. C’était le début du monde esthétique et artistique des encens à brûler au Japon.
Au cours de l’époque de Heian (VIIIe – XIIe siècle), les nobles de la cour impériale élaboraient des takimono originaux, cherchant à créer des parfums élégants et sophistiqués pour leur usage personnel. Différents mélanges étaient utilisés en fonction de l’heure, des événements, des saisons ou même de l’humeur du moment. Les courtisans brûlaient leurs mélanges préférés d’encens et s’en servaient pour parfumer leurs vêtements ou les pièces destinées à leurs invités. Le takimono-awase, jeu d’encens au cours duquel les participants rivalisaient entre eux afin de créer les meilleurs parfums, fut également inventé au cours de cette époque. Insatisfaits des parfums naturels trop simples produits par les fleurs ou les fruits, les courtisans créaient des senteurs pour leur plaisir, posant ainsi les fondements d’une culture de l’encens particulière, très liée à la connaissance des saisons. C’est ainsi que se sont formées les principales caractéristiques du kōdō (« art de l’encens »).